Pour les personnes ayant survécu à un traumatisme, la honte tend à devenir une émotion profondément ancrée et prévalente. Contrairement à la culpabilité, qui est liée à des actions spécifiques (« J’ai fait quelque chose de mal »), la honte vise l’essence d’une personne (« Je suis une mauvaise personne »). La honte peut être classée en deux catégories : interne et externe.
La honte interne vient de l’intérieur et est le plus souvent liée à des croyances profondes sur soi-même. C’est le sentiment qu’il y a quelque chose de fondamentalement mauvais dans la personne que l’on est. Les survivants de traumatismes éprouvent souvent une honte interne parce que le traumatisme peut déformer la perception de soi, provoquant des sentiments d’indignité ou de honte de soi.
La honte externe est imposée par des jugements externes, des attentes ou des stigmates culturels, que les survivants intériorisent. La honte externe peut donner aux personnes le sentiment d’être jugées, rejetées ou incomprises par les autres en raison de leur traumatisme ou de leurs réactions à celui-ci.
La honte interne et la honte externe sont étroitement liées. Par exemple, la honte externe – telle que la stigmatisation des traumatismes par la société ou les attitudes négatives des autres – peut renforcer la honte interne, en donnant aux survivants le sentiment d’être encore plus indignes ou inadéquats. Inversement, la honte interne peut rendre les survivants plus sensibles aux jugements externes, amplifiant leur sensibilité à la façon dont les autres les perçoivent.
La compréhension de cette interaction est essentielle à la guérison, car elle aide les victimes de traumatismes à faire la distinction entre ce qu’elles ressentent intérieurement et l’impact des facteurs externes sur ces sentiments. En reconnaissant la honte interne et externe, les survivants peuvent commencer à réexaminer leurs sentiments.
En effet, la honte accompagne souvent les traumatismes, car ceux-ci impliquent généralement un profond sentiment de perte de contrôle et de vulnérabilité. Lorsqu’une personne est blessée, trahie ou abandonnée d’une manière qui semble échapper à son contrôle, il est naturel de chercher des explications, même si cela implique de se blâmer soi-même. Cette auto-culpabilisation peut créer un cycle chroniquement toxique dans lequel le survivant commence à croire que le traumatisme le définit, renforçant ainsi l’idée erronée qu’il est intrinsèquement défectueux ou brisé. En outre, la stigmatisation sociale et la peur d’être jugé peuvent encore intensifier ces sentiments de honte. Les survivants peuvent craindre que les autres les jugent ou comprennent mal leur expérience, ce qui les pousse à cacher leur(s) expérience(s).
De plus, les traumatismes déclenchent souvent des réactions émotionnelles et physiologiques puissantes qui peuvent empêcher les survivants de dissocier leur valeur personnelle de ce qu’ils ont vécu. La réaction de survie, qui est activée lors d’événements traumatisants, peut persister et induire un état d’anxiété accrue ou d’engourdissement chez les survivants. Ces réactions peuvent être déroutantes et angoissantes, renforçant la croyance que quelque chose ne va pas chez eux. Cela génère un cycle de honte très puissant et perturbateur, dont il peut sembler impossible de sortir.
Comment commencer à travailler sur la honte en tant que survivant d’un traumatisme :
1. Reconnaître sa honte
La première étape de la guérison de la honte consiste à la nommer lorsqu’elle se manifeste. La honte se développe souvent en silence, ce qui permet de se sentir isolé ou indigne. En reconnaissant les sentiments de honte ou d’inadéquation, vous les exposez au grand jour, ce qui réduit leur pouvoir. Il est essentiel de se rappeler que la honte est une réaction émotionnelle et non le reflet de votre véritable valeur. En reconnaissant cette distinction, vous pouvez commencer à l’aborder avec compassion, plutôt que de la laisser définir votre perception de vous-même.
2. Comprendre ses origines
Réfléchissez à la source de votre honte. Est-elle liée à un traumatisme passé, à une attente de la société ou à une croyance personnelle négative ? Comprendre la source de votre honte peut vous aider à la dissocier de votre identité et à reconnaître qu’il s’agit d’une réponse à des facteurs externes plutôt que d’un défaut inhérent.
3. Pratiquer les techniques de maîtrise des émotions
La maîtrise des émotions est essentielle à la guérison de la honte. En gérant la façon dont vous réagissez à la honte, vous pouvez réduire son sentiment d’envahissement et l’empêcher de prendre le dessus sur la façon dont vous vous percevez. Il est donc plus facile d’explorer vos sentiments avec curiosité, afin de comprendre ce qui peut les déclencher et ce que vous pouvez faire pour vous apaiser. Des techniques telles que la méditation et la respiration profonde peuvent vous aider à rester calme et serein, ce qui vous permet de remettre en question et de réévaluer votre honte au lieu de la laisser contrôler votre point de vue.
4. Fixer des limites avec les personnes qui provoquent la honte
Il est essentiel de fixer des limites avec les personnes qui alimentent votre sentiment de honte pour protéger votre bien-être émotionnel. Commencez par identifier les personnes ou les comportements qui déclenchent votre sentiment de honte, puis communiquez vos besoins clairement et avec fermeté. Si nécessaire, réévaluez la valeur des relations qui nuisent constamment à votre estime de vous-même ; ou : réévaluez vos attentes quant à l’incapacité d’une personne à vous soutenir comme vous en avez besoin (après avoir clairement indiqué comment vous vouliez qu’elle vous aide plus d’une fois) et décidez vous-même si cette relation peut encore faire partie de votre vie aujourd’hui. En maintenant des limites claires et des attentes réalistes, vous créez un environnement plus sain pour vous-même et renforcez votre engagement en faveur de la guérison et du respect de soi.
5. Remettre en question les pensées autocritiques
Lorsque vous êtes confronté à la honte, il est essentiel de remettre en question les pensées autocritiques qui surgissent. Posez-vous la question : Qui décide de ma valeur ? Pourquoi devrais-je croire que j’aurais dû agir différemment alors que j’ai fait de mon mieux avec ce que j’avais à ce moment-là ? Pourquoi donner aux autres le pouvoir de me définir ou de définir mes actions ? Est-il utile d’être dur avec moi-même alors que je fais déjà de mon mieux ?
En réexaminant ces pensées, vous pouvez commencer à reconstruire votre estime de soi et vous éloigner des reproches inutiles, tout en reconnaissant que votre valeur n’est pas déterminée par des opinions extérieures ou des erreurs passées. En remettant en question ces croyances négatives, vous ouvrez également la voie à une approche plus compatissante et plus encourageante de vous-même.
Vous vous sentez submergé par la honte ? Je suis là pour vous aider. Contactez-moi à l’adresse [email protected] pour planifier votre première séance de thérapie. Ensemble, nous pourrons explorer et travailler sur ces sentiments, en vous soutenant dans votre cheminement vers la guérison et la compassion de soi.